LA NAISSANCE D’UNE SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE SOUS UN MODÈLE UNIQUE AU MONDE!

Issue de l’unification des sept Sociétés régionales de conservation, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) voit le jour officiellement le 1er janvier 1994, devenant ainsi l’unique intervenante en la matière dans la province.

Dès lors, la Société se voit dotée d’une mission qui lui est propre: « Optimiser la protection des forêts contre les incendies en vue d’assurer la pérennité du milieu forestier au bénéfice de toute la collectivité, et cela, au meilleur coût possible. » 

Aménagement d’un nouveau siège social à l’Aéroport international Jean-Lesage deQuébec

La restructuration en profondeur du système de protection a pour objectif d’en augmenter l’efficacité et d’en réduire les coûts. Pendant deux ans (1992-1993), des travaux d’unification s’effectuent. Gaétan Lemaire, ancien directeur des opérations régionales, se remémore la situation ainsi: « Avant la création de la SOPFEU, plusieurs personnes savaient qu’il existait des façons plus performantes pour protéger les forêts. Cependant, la saison 1991 a été le moment décisif et, par la suite, des comités se sont formés afin d’évaluer concrètement des pistes de solution. À l’époque des Sociétés régionales de conservation, chaque gérant devait rendre des comptes à son conseil d’administration et il y avait très peu de collaboration entre les régions. C’est notamment ces barrières que la refonte visait à faire tomber ce qui était tout à fait logique du point de vue opérationnel.»
Conférence de presse à Québec pour annoncer la création de la SOPFEU

Avec la refonte du système de protection, le maintien de l’implication régionale demeure au cœur des préoccupations des responsables de la réforme. Des conseils régionaux de protection des forêts (CRPF) sont donc implantés afin de fournir une tribune aux différents intervenants forestiers. Au nombre de trois, les CRPF (Est, Centre et Ouest) ont pour rôle de définir les orientations régionales en matière de protection des forêts contre le feu,  de se prononcer sur le plan d’organisation et de déléguer cinq membres chacun pour siéger sur le conseil d’administration. 

La fusion des sept Sociétés régionales de conservation amène également son lot de changements pour le personnel. La répartition du personnel est maintenant divisée entre les quatre bases principales (Baie-Comeau, Roberval, Maniwaki et Val-d’Or) et le siège social à Québec. À ce moment, la décision est prise de construire de nouveaux bâtiments aux aéroports de Québec, Baie-Comeau, Roberval  et Val-d’Or. Le transfert dans les nouveaux locaux de Val-d’Or et de Roberval entraîne une relocalisation de Mc Watters et de St-Honoré. Dès octobre, les employés du siège social de Québec emménagent dans leurs nouveaux locaux alors que pour les trois autres bases cela se fait au début de la saison de protection. Cette situation entraîne la relocalisation de plusieurs employés: 66 employés permanents déménageront sur un total de 155.
M. André Lessard directeur général de la SOPFEU de 1994 jusqu’à 2010
Comme se rappelle Gaétan Lemaire: « Durant les trois années précédant la fusion, des moyens de communication sont mis en place. Cependant, la réflexion qui a amené à la création de la SOPFEU a été très longue et plusieurs scénarios ont été envisagés créant un climat d’incertitude auprès des membres du personnel.»

Le ministre des Ressources naturelles Christos Sirros
 présent lors de la conférence annonçant la création de la SOPFEU
La mise en place d’organigrammes identiques dans les quatre bases demande à plusieurs employés d’apprendre de nouvelles tâches et requiert une période d’adaptation. La formation constitue dès lors l’une des priorités de l’organisation. À compter de l’automne 1994, un comité est instauré afin d’assurer la standardisation et la coordination des formations dispensées à l’ensemble de la Société. François Lefebvre, actuel directeur général de la SOPFEU, se souvient: « En tant que secrétaire-exécutif de la Fédération des sociétés de conservation du Québec, j’ai participé aux toutes premières discussions qui ont conduit à l’analyse du système de protection et à sa refonte. Après de nombreuses discussions et modifications, le ministre Albert Côté a retenu la proposition qui a conduit à la SOPFEU au 1er janvier 1994.»
La disponibilité d’un réseau informatique efficace se positionne comme un enjeu de taille alors que le système d’information sur les incendies forestiers (SIIF) doit présenter des données identiques et en temps réel au siège social et dans les quatre bases principales. Afin de disposer de données précises sur la situation en forêt, trois techniciens en forment l’équipe météo au siège social de la SOPFEU. Ils doivent effectuer un suivi météorologique rigoureux et en tenir informés les responsables du centre provincial et des centres régionaux de lutte. 

La Société accorde une importance majeure à la prévention. Pour ce faire, une équipe de communicateurs est formée autant en bases principales qu’au siège social. Ces agents à l’information contribuent à informer et à sensibiliser la population sur la situation et les comportements à adopter en forêt.

Le territoire protégé par la SOPFEU est délimité par le ministre des Ressources naturelles. En zone de protection intensive, tout incendie qui y est découvert, est attaqué et éteint dans les plus brefs délais.  Les frais sont alors divisés à part égale entre le ministère des Ressources naturelles (MRN) et les membres de la Société. En zone de protection restreinte, les feux  sont combattus lorsqu’ils sont une menace pour les humains ou les infrastructures essentielles. Chaque intervention est alors évaluée et les frais de suppression sont à la charge du MRN, sauf si le feu est causé par des travaux industriels. Des ententes particulières de protection pour l’île d’Anticosti et les Îles-de-la-Madeleine sont conclues entre le MRN et la Société. Enfin, un plan de protection pour le territoire de la Baie-James est aussi réalisé.

Conformément à la proposition de l’étude sur le système de protection, la SOPFEU met sous contrat, pour une période de cinq ans, 33 monomoteurs Cessna 182 RG dont leur utilisation est exclusivement pour la détection des incendies. Le principe de mobilité provinciale s’applique et ces aéronefs sont déplacés selon les besoins des différents secteurs.

Également, le comité exécutif prend des orientations stratégiques en ce qui a trait aux avions-citernes. Une réorganisation du mode d’opération est mise en place. Elle se résume comme suit:

- Une participation de la SOPFEU dans la gestion de la flotte d’avions-citernes. Ainsi, un comité de liaison qui comprend des membres du Fonds du Service aérien gouvernemental (FSAG) et de la SOPFEU participe aux décisions importantes telles que le mode d’opération et le financement. Il est également statué que le FSAG continuera d’être l’opérateur responsable des avions-citernes. 

- Il est prévu que dès 1999, la flotte d’avions-citernes sera réduite à 10 appareils ce qui devrait entraîner une diminution des coûts de gestion de 2 M$ par année. 

- Enfin, le rapprochement entre le FSAG et la SOPFEU doit faciliter la commercialisation des services d’avions-citernes à l’extérieur de la province lorsque la situation est propice à ce type de prêt.

Le système de protection québécois qui est mis en place en 1994 revêt un caractère unique qui suscite l’intérêt d’organismes extérieurs. 

Il va sans dire que le caractère calme que connaît  la saison de protection 1994 facilite grandement l’organisation de la Société. En effet, cette année est la moins active des 22 années la précédant avec 463 incendies et une superficie touchée de 2 179 ha.

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